"Parviendrai-je � faire comprendre � quel point le bonheur du botaniste est intense lorsqu'il se trouve, par un beau matin clair, � l'or�e d'une vaste collection de plantes qu'il ne conna�t pas encore ? Compar�es aux plantes des v�g�tations naturelles, celles des jardins botaniques ont l'extraordinaire avantage d'�tre soigneusement identifi�es ; de ce fait, n'�tant plus pr�occup� par des t�ches de r�colte, de s�chage, de mise en herbier et d'identification ult�rieure, le botaniste peut commencer sans d�lais son travail ? qu'il s'agisse de biologie florale, d'analyse architecturale, ou de pr�l�vements destin�s � l'anatomie, la biochimie ou la g�n�tique. M�me si quelques domaines d'�tude ? ph�nologie, physiologie, �cologie ? peinent � y trouver leur place, les bons jardins botaniques contribuent au progr�s des sciences du v�g�tal dans leur ensemble ; aussi ont-ils toujours eu une place sp�ciale dans mon travail de botaniste et, pour moi, ils sont des marqueurs de civilisation. (...) La visite d'un jardin botanique ne requiert, pour moi, qu'un �quipement l�ger : de solides chaussures, un carnet � dessin, un crayon et un canif pour le tailler en pointe. Qui sont mes voisins, au cours de ces visites ? Des anciens combattants qui prennent le soleil, de jeunes m�res qui font jouer leurs enfants, des amoureux qui se b�cotent sur les bancs publics, des vendeurs de boissons fra�ches, ou encore des " joggeurs ", l'air sombre, avec des �couteurs dans les oreilles pour �tre s�rs de ne pas entendre les oiseaux ; tr�s peu de coll�gues botanistes, voire aucun, de sorte qu'il m'arrive de penser que ce jardin a �t� cr�� exclusivement � mon intention. C'est un sentiment totalement ill�gitime, mais pour autant assez plaisant ! Mon existence aurait-elle �t� un repas, la for�t tropicale en e�t constitu� le plat de r�sistance et les Jardins botaniques les d�licieux desserts." M. Francis Hail� Montpellier, 30 mars 2016